Monde Numérique :
[0:10] Un sommet pour l’intelligence artificielle, des innovations tous azimuts en IA et le phĂ©nomène d’IPSIC qui continue, et bien voilĂ , c’est l’essentiel cette
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[0:19] semaine dans l’ActuTech. On va revenir donc sur ce premier sommet sur l’IA qui dĂ©marre Ă Paris, avec dĂ©jĂ des annonces, notamment celle d’un futur super data center.
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[0:35] L’actu, c’est donc Ă©galement DeepSeek, qui aurait coĂ»tĂ© en rĂ©alitĂ© bien plus cher que ce qu’on nous a annoncĂ©. En tout cas, c’est ce qu’affirme une entreprise amĂ©ricaine. OpenAI rĂ©agit Ă DeepSeek et lance un nouveau service, Deep Research. Le français Mistral, de son cĂ´tĂ©, lance son application mobile, le chat, concurrente de Chagipiti. Comme chaque semaine on se connectera avec le Canada, je retrouverai mon camarade podcaster Bruno Guillel-Minetti on va parler de ce sommet de l’IA comment est-il perçu de l’autre cĂ´tĂ© de l’Atlantique, enfin dans la deuxième partie de cette Ă©mission et bien on va revenir sur DeepSync avec une interview exclusive, celle d’une journaliste chinoise que j’ai jointe sur place en Chine et qui nous dit tout sur cet Ă©vĂ©nement très commentĂ© sur place, enfin Ă la veille du sommet sur l’IA On s’intĂ©ressera Ă l’intelligence artificielle en entreprise avec une Ă©tude très sĂ©rieuse de l’OCDE, la première du genre. J’ai interrogĂ© l’un de ses responsables. VoilĂ , j’espère que ça vous plaĂ®t. Bienvenue Ă l’Ă©coute de Monde NumĂ©rique, l’hebdo, le meilleur de l’actu tech chaque samedi sur toutes les plateformes de podcast. C’est l’Ă©pisode du 8 fĂ©vrier 2025.
Guest:
[1:49] Monde Numérique, Jérôme Colombin.
Monde Numérique :
[1:57] Avant d’aller plus loin, je voudrais vous parler d’un projet technologique innovant, c’est le projet Frogans, un nouveau mode d’expression sur Internet, simple et hyper puissant. Imaginez des mini-sites très graphiques qui fonctionnent partout, sur ordinateur, smartphone, tablette ou mĂŞme casque de rĂ©alitĂ© virtuelle, sans passer par un navigateur classique. Mais en plus, ce qui rend Frogans vraiment unique, c’est son concept, basĂ© sur un tout nouveau protocole, diffĂ©rent du web. Conçu pour ĂŞtre lĂ©ger, sĂ©curisĂ©, centrĂ© sur l’utilisateur, ce protocole Frogans ouvre la voie Ă des usages totalement inĂ©dits. Alors Frogans est un projet français conçu par une Ă©quipe d’ingĂ©nieurs passionnĂ©s. Frogans soutient Monde NumĂ©rique et va nous accompagner tout au long de l’annĂ©e et je vous tiendrai au courant semaine après semaine de l’Ă©volution du projet. Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver l’interview du fondateur Alexis Tamas sur ce podcast ou sur le site mondenumĂ©rique.info et rendez-vous sur le site f2r2.fr. Deux lettres, deux chiffres.
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[3:03] C’est donc une semaine sous le signe de l’IA qui s’annonce en France, avec ce sommet, sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, qui ouvre lundi 10 fĂ©vrier. Il est prĂ©cĂ©dĂ© d’une sĂ©rie d’Ă©vĂ©nements et d’initiatives variĂ©es, surtout dans le domaine professionnel. Un sommet de l’IA, pour quoi faire ? Eh bien, pour le savoir, rendez-vous dans l’Ă©pisode de Monde NumĂ©rique en date du 7 fĂ©vrier. Je vous en parle, et notamment pour examiner les enjeux de ce sommet, dans le contexte de la position de la France en matière d’intelligence artificielle oĂą, on le sait, il y a du bon et aussi du moins bon. On attend quelques annonces, Ă©videmment, Ă l’occasion du sommet. L’une des premières est tombĂ©e dès cette semaine, jeudi 6 fĂ©vrier. C’est celle de la construction prochaine d’un super data center, un gigantesque centre de donnĂ©es pour l’IA qui sera construit en France, on ne sait pas encore oĂą, mais qui sera financĂ© par les Émirats arabes unis. Un investissement de 30 Ă 50 milliards d’euros selon la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Ce centre de donnĂ©es d’une puissance qui pourra aller jusqu’Ă 1 gigawatt fera mĂŞme partie d’un ensemble plus vaste, un campus axĂ© sur l’IA qui devrait ĂŞtre le plus grand d’Europe. Et par ailleurs, la ministre française chargĂ©e de l’IA, Clara Chappaz, a annoncĂ© que 35 sites Ă©taient d’ores et dĂ©jĂ prĂŞts Ă l’emploi pour accueillir de nouveaux centres de donnĂ©es sur le territoire national.
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[4:26] De l’IA toujours avec DeepSeek, la fameuse intelligence artificielle chinoise qui fait sensation depuis plusieurs semaines. On en parlait longuement la semaine dernière. On va en reparler cette semaine. DeepSeek, mais qui aurait en rĂ©alitĂ© coĂ»tĂ© beaucoup plus cher Ă mettre au point plus que les 6 millions de dollars annoncĂ©s par la startup chinoise. En effet, selon une entreprise amĂ©ricaine spĂ©cialisĂ©e, Semi-Analysis, l’investissement rĂ©el de DeepSeek s’Ă©lèverait plutĂ´t Ă 1,6 milliard de dollars. Et les 6 millions annoncĂ©s ne reprĂ©senteraient qu’une infime partie des coĂ»ts correspondant uniquement Ă la phase de prĂ©-entraĂ®nement du modèle. VoilĂ qui bouscule un peu l’idĂ©e d’une IA hyper frugale, fabriquĂ©e quasiment avec des bouts de ficelle, ou en tout cas pas grand-chose et pas trop de budget.
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[5:13] L’investissement en matĂ©riel reprĂ©senterait Ă lui seul 944 millions de dollars selon Semi-Analysis. Et il y aura aussi des centaines de millions investis dans la recherche et dĂ©veloppement, le perfectionnement des modèles, le traitement des donnĂ©es, l’infrastructure globale et le salaire des chercheurs qui, pour certains, dĂ©passeraient les 1 300 000 dollars annuels en Chine. On va revenir sur ce sujet dans la deuxième partie de cette Ă©mission avec une interview exclusive, je vous l’ai dit, pour Monde NumĂ©rique, interview de Shanhui Zhang, journaliste chinoise que j’ai joint en Chine et qui explique notamment que DeepSik aurait surtout bĂ©nĂ©ficiĂ© de ses propres centres de donnĂ©es. C’est ça qui ferait que ça coĂ»terait moins cher. VoilĂ , on en reparle tout Ă l’heure.
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[5:57] Pendant ce temps-lĂ , aux Etats-Unis, le principal rival de DeepSeek, OpenAI, de son cĂ´tĂ©, ne reste pas inactif. Et il veut le montrer, le pionnier amĂ©ricain de l’intelligence artificielle, le papa de Chagipiti, a encore, encore lancĂ© un nouveau produit cette semaine. Ça s’appelle Deep Research. Ça a Ă©tĂ© lancĂ© le 2 fĂ©vrier. Deep Research est un agent d’intelligence artificielle intĂ©grĂ© Ă Chagipiti qui est conçu pour mener des recherches complexes sur Internet. C’est-Ă -dire que l’outil est capable d’analyser et de synthĂ©tiser des informations provenant de diverses sources, des textes, des images, des fichiers PDF, etc., pour produire Ă l’arrivĂ©e des rapports dĂ©taillĂ©s. Selon OpenAI, cela permettrait de rĂ©aliser en 5 Ă 30 minutes, parce qu’il y a quand mĂŞme un certain dĂ©lai de traitement, des recherches qui nĂ©cessiteraient toutefois des heures de travail pour un humain. Deep Research est actuellement rĂ©servĂ© uniquement aux abonnĂ©s pros de ChatGPT aux Etats-Unis, avec une limite de 100 requĂŞtes par mois. C’est Ă©videmment une rĂ©ponse, en tout cas en termes de communication, Ă l’annonce du modèle chinois DeepSync.
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[7:04] En France, ça bouge aussi en matière d’intelligence artificielle, pas seulement pour organiser des sommets. La pĂ©pite française Mistral a lancĂ© cette semaine son chatbot,
Monde Numérique :
[7:14] le chat concurrent de ChatGPT, sous forme d’applications mobiles. Alors, on pouvait dĂ©jĂ accĂ©der Ă Le Chat en version web. On peut dĂ©sormais le tĂ©lĂ©charger sur l’App Store et sur le Play Store. Le Chat arrive après les applications mobiles de ChatGPT, Perplexity, Gemini, DeepSeek ou encore Grok. Autant dire qu’elle n’est pas la première, mais au moins, elle est lĂ . DĂ©sormais, vous pouvez l’utiliser, la tester, c’est gratuit. Et c’est français. Son fonctionnement est similaire Ă celui de ChatGPT ou de Gemini. On pose une question, on reçoit une rĂ©ponse. Ça marche plutĂ´t bien. Et ce qui est intĂ©ressant, c’est de voir cette plĂ©thore maintenant de chatbots d’IA accessibles pour les smartphones sous forme d’appli, ce qui devrait contribuer fortement Ă leur adoption par le grand public. Et puis, tiens, dans le mĂŞme ordre d’idĂ©es, c’est l’opĂ©rateur FreeMobile qui innove en intĂ©grant, lui, la version Pro payante de Le Chat dans son offre mobile. C’est-Ă -dire que les abonnĂ©s FreeMobile vont pouvoir et peuvent dĂ©jĂ accĂ©der Ă Le Chat Pro gratuitement pendant un an.
Monde Numérique :
[8:14] Ça permet d’avoir des briefs d’actualitĂ©, des conseils sur des tas de sujets, de voyages et autres, sous forme de recommandations personnalisĂ©es, c’est-Ă -dire que le chatbot contextualise les recommandations sur la base de vos prĂ©fĂ©rences. VoilĂ , il fallait le signaler, c’est une première en France pour un opĂ©rateur mobile. IntĂ©grer un chatbot dans son offre, reste Ă voir et Ă tester tout ça pour savoir si ça correspond et si ça rĂ©pond vĂ©ritablement aux attentes.
Monde Numérique :
[8:41] En France encore, une nouveautĂ© Ă©galement du cĂ´tĂ© de Qtai, le centre de recherche en intelligence artificielle lancĂ© par Xavier Niel, Rodolphe SaadĂ© et Eric Schmidt. Cette nouveautĂ©, c’est un assistant vocal capable de traduire du contenu audio avec la voix originelle du locuteur. Un outil de doublage en temps rĂ©el qui, en plus, a une particularitĂ©. Il n’a pas besoin d’attendre la fin d’une phrase pour commencer la traduction et le doublage. Ça s’appelle Ibiki. Je ne sais pas si c’est un hommage au whisky japonais du mĂŞme nom. Et Ibiki s’appuie sur Moshi. Alors Moshi, c’est autre chose. C’est un assistant vocal qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© lancĂ© par Qtai et qui avait prĂ©cisĂ©ment la particularitĂ© de rĂ©pondre hyper vite, très très vite, presque mĂŞme un peu trop vite quand on lui pose une question. Donc lĂ , ils ont utilisĂ© cette capacitĂ© pour en faire un outil de traduction. Et si ça va très vite, c’est intĂ©ressant, c’est parce que les modèles du Qtai ne passent pas par la phase de la conversion en texte. Ils analysent, ils reconnaissent directement l’audio et ils traitent l’audio sous sa forme native pour, dans le cas prĂ©sent, renvoyer une traduction, un doublage. Alors pour l’instant, Ibiki est limitĂ© Ă une paire de langues, le français et anglais, et Ă seulement des sĂ©quences de deux minutes. Mais Ă©videmment, ça va s’amĂ©liorer et peut-ĂŞtre que demain, ça permettra de converser très facilement avec des gens qui ne parlent pas la mĂŞme langue que nous ou mĂŞme Ă traduire des vidĂ©os en temps rĂ©el Ă la volĂ©e.
Monde Numérique :
[10:10] L’IA encore, l’IA dans les mĂ©dias, c’est bien, mais l’IA pour piller les mĂ©dias, c’est beaucoup moins bien. Et c’est la raison pour laquelle, eh bien en France, 40 mĂ©dias, dont LibĂ©ration Sud-Ouest, La DĂ©pĂŞche du Midi, etc., ont dĂ©cidĂ© de saisir la justice contre un site d’actualitĂ©, enfin de pseudo-actualitĂ©, qui s’appelle news.dayfr, soupçonnĂ© de pirater allègrement les contenus de ces mĂ©dias. Il s’agit d’un site qui fabrique automatiquement, grâce Ă l’intelligence artificielle gĂ©nĂ©rative, des milliers d’articles par jour Ă partir de l’info trouvĂ©e par Internet. Ça porte sur des tas de sujets diffĂ©rents, notamment beaucoup d’articles d’actualitĂ© locale, française et internationale. C’est les raisons pour lesquelles on trouve donc beaucoup de journaux locaux, de mĂ©dias locaux qui se sont associĂ©s Ă cette plainte. Les articles sont signĂ©s par des journalistes, mais qui en rĂ©alitĂ©, visiblement, n’existent pas. Et c’est un vrai phĂ©nomène en rĂ©alitĂ©, car il n’y a pas qu’un seul site de ce genre. Il y en aurait, selon une enquĂŞte menĂ©e par LibĂ©ration et par le MĂ©dia en ligne Next, il y en aurait au moins un millier actuellement en langue française.
Monde Numérique :
[11:22] Ces sites publient donc des torrents d’articles sans un seul journaliste rĂ©el, juste avec de l’intelligence artificielle gĂ©nĂ©rative. D’ailleurs, ce n’est indiquĂ© nulle part sur le site et surtout en allant piquer l’info des autres. Le but, c’est d’occuper l’espace numĂ©rique. Ils sont assez bien rĂ©fĂ©rencĂ©s sur Google. Et de faire de l’audience, mĂŞme si pour l’instant il n’y a pas de publicitĂ©, on ne voit pas de pub sur ce fameux site NewsdayFR. Le problème aussi, c’est que l’IA parfois ça hallucine, donc les articles contiennent souvent des erreurs, de fausses informations. En gros, en plus d’ĂŞtre du vol de propriĂ©tĂ© intellectuelle, c’est de la dĂ©sinformation, donc mĂ©fiez-vous si vous tombez sur ce genre d’article.
Monde Numérique :
[12:01] Et on termine cette sĂ©quence actue, surtout consacrĂ©e Ă l’IA, vous l’avez compris, par un coup d’Ĺ“il sur des outils pour dĂ©tecter prĂ©cisĂ©ment les textes gĂ©nĂ©rĂ©s par intelligence artificielle. Bien pratique ce genre d’outils par les temps qui courent, et pour certaines professions comme par exemple les enseignants. Alors il en existe plusieurs en rĂ©alitĂ© de ces outils. J’ai testĂ© rĂ©cemment un site qui s’appelle 0gpt.com, qui n’est pas mal du tout. Il vous indique sous forme de pourcentage des portions de textes qui sont possiblement issus d’un outil de gĂ©nĂ©ration par intelligence artificielle, donc 0gpt.com en toutes lettres. Et puis le navigateur Firefox intègre dĂ©sormais un outil de dĂ©tection de deepfake, ça s’appelle Deepfake Detector, c’est une extension qu’il suffit d’installer sur Firefox, qui permet ensuite de sĂ©lectionner du texte Ă l’Ă©cran, et ensuite en un clic de savoir si c’est vrai ou si c’est fake, ou si c’est partiellement gĂ©nĂ©rĂ© par de l’IA, par exemple sur un site marchand pour savoir si les avis sont authentiques, etc. Bien sĂ»r, malgrĂ© tout, ces outils ne sont pas infaillibles, mais ça va quand mĂŞme dans la bonne direction. Deepfake Detector est disponible pour l’instant uniquement en anglais.
Monde Numérique :
[13:10] VoilĂ , c’est tout pour l’actu qu’il ne fallait pas rater cette semaine. Et on accueille tout de suite dans Monde NumĂ©rique mon camarade Bruno Guglielminetti pour la suite de l’hebdo.
Guest:
[13:21] Le débrief transatlantique. Jérôme Colombin à Paris, salut.
Monde Numérique :
[13:25] Salut, Bruno Guglielminetti à Montréal. Comment vas-tu?
Guest:
[13:28] Bien, et surtout, je suis en train de m’en faire pour toi parce que, Ă©coute, c’est une question de jour, sinon d’heure, au moment oĂą les gens Ă©coutent. Le sommet de l’IA, c’est bientĂ´t. Et dĂ©jĂ , tu es dans le off-sommet de l’IA.
Monde Numérique :
[13:42] Ah oui, ça y est, lĂ , on ne parle que de ça en ce moment. Le sommet de l’IA. Ça s’appelle exactement le sommet pour l’action de l’IA ou pour l’action sur l’IA. Tu vois, c’est une manière de dire, ben voilĂ , il y a de l’IA, on n’est pas forcĂ©ment nous, les EuropĂ©ens et les Français, les plus en avance dans ce domaine, mais on a quand mĂŞme un mot Ă dire et on veut faire entendre notre voix. Donc, c’est un peu ça le truc.
Guest:
[14:08] Mais JĂ©rĂ´me, quand tu regardes ça d’un recul, parce que ça va ĂŞtre annoncĂ© il y a quand mĂŞme un moment, as-tu toujours l’impression que…, Je prĂ©sume, parce qu’Ă l’Ă©poque, on le voyait comme ça. As-tu l’impression que c’est d’abord et avant tout une opĂ©ration de relations publiques dans la France?
Monde Numérique :
[14:24] Oui, très clairement, il y a de ça, si tu veux. Ça Ă©mane d’un comitĂ© qui est rattachĂ© Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique. L’idĂ©e, bien sĂ»r, c’est de montrer, de sortir les muscles, de montrer un peu ce qu’il est possible de faire. Et puis que ça fasse du bruit mĂ©diatique. Donc, on fait venir tout le monde. Ça a Maltmann. Elon Musk est invitĂ©, mais Ă l’heure oĂą on enregistre, je ne sais pas s’il viendra ou pas. En plus, ce serait un peu paradoxal parce qu’en mĂŞme temps, Elon Musk, c’est le grand mĂ©chant loup, vu de chez nous aujourd’hui, vu de beaucoup d’endroits. D’ailleurs, je crois que chez vous, c’est un peu pareil. Mais donc, c’est une grosse, grosse entreprise de relations publiques. C’est aussi, et ça c’est bien, l’occasion de parler de l’intelligence artificielle, y compris dans les mĂ©dias grand public. Il y en a partout en ce moment. Mais il faut rappeler malgrĂ© tout que ce n’est pas tout Ă fait une première parce que c’est les Britanniques qui avaient initiĂ© ça en 2023. Exactement. Et ça avait fait beaucoup de bruit. On s’Ă©tait dit, waouh, ils prennent le dossier de l’IA, ils prennent le taureau par les cornes, ils sont quand mĂŞme forts, ces Anglais, etc. Donc, c’est un petit peu la continuitĂ©. Et je ne sais pas trop, Ă l’heure oĂą on se parle, ce qui va en ressortir de ce sommet pour tout le dire.
Guest:
[15:32] Mais de toute façon, exactement, puis c’est important de le dire, Ă l’heure oĂą on se parle, il est trop tĂ´t pour en parler. Sauf que, parallèlement, puis c’est un peu de ça que je veux t’entendre parler, et Il y a des choses qui se passent. Il y a Ă©normĂ©ment de satellites autour de cet Ă©vĂ©nement-lĂ .
Monde Numérique :
[15:47] Oui, Ă©coute, pour ne rien te cacher, je reçois tous les jours par mail des communiquĂ©s pour m’annoncer qu’il va y avoir telle confĂ©rence, telle assemblĂ©e plĂ©nière, telle prĂ©sentation, etc.
Guest:
[16:01] D’ailleurs, la fin de semaine, on est plein. Moi, je regardais des gens qui font partie des dĂ©lĂ©gations. Ils ont leur agenda plein le samedi et dimanche.
Monde Numérique :
[16:10] Ah oui, oui, non, il y a plein de trucs Ă faire. Bon, très franchement, c’est pas… Sans familiaritĂ©, mais on va dire c’est pas hyper sexy, comme on dit chez nous en termes journalistiques, c’est-Ă -dire, c’est pas des trucs super attirants, c’est très très business, d’abord, et c’est pas très novateur. Ça fait un peu, bon ben voilĂ , il faut parler d’IA cette semaine, alors on se met autour d’une table, et puis on va parler d’IA. Moi, j’attends de voir s’il y aura vraiment des annonces, des annonces en termes de technologie, pourquoi pas, et puis peut-ĂŞtre des annonces politiques Ă©galement. Et ça, ce sera plutĂ´t en dĂ©but de semaine prochaine. Cela dit, il y a dĂ©jĂ quelques petites choses intĂ©ressantes. Il y a, par exemple, Ă l’occasion du sommet de l’IA, la sociĂ©tĂ© Mistrali, qui est un peu notre pĂ©pite en matière diacque, qui vient de lancer son chat qui s’appelle Le Chat sous forme d’applications mobiles. Mais bon, après tout le monde, il y a dĂ©jĂ l’appli d’OpenAI, il y a dĂ©jĂ l’appli d’Entropic, il y a aussi en plus maintenant l’appli de Le Chat. Et puis, il y a d’autres choses qui n’ont rien Ă voir, mais qui ne sont pas inintĂ©ressantes au niveau europĂ©en. Et par exemple, cette semaine, il y a un truc qui a pris un petit coup d’accĂ©lĂ©rateur. C’est une initiative qui s’appelle Open Euro LLM. Et en fait, pour faire court, c’est un petit peu, si on peut dire, la rĂ©ponse europĂ©enne au projet Stargate amĂ©ricain, en fait.
Guest:
[17:30] Mais pas avec les mĂŞmes budgets.
Monde Numérique :
[17:32] Pas avec les mĂŞmes budgets, en effet. LĂ , si tu m’attaques tout de suite sur les gros sous, on va passer pour des rigolos. Puisque, en effet, Stargate, on est Ă 500 milliards de dollars. Enfin, non, on n’y est pas d’ailleurs, parce que c’est ce qui a Ă©tĂ© annoncĂ©.
Guest:
[17:47] C’est d’abord 100 milliards, et puis après, le reste de la balance dans les 5 ans qui suivent.
Monde Numérique :
[17:53] VoilĂ , et puis en plus, ils n’ont Ă ce jour que, je crois, la moitiĂ©. Ils n’ont que 50 milliards dans les caisses. Bref, nous, le projet Open Euro LLM, Ă©coute, alors l’objectif, c’est d’arriver Ă 52 millions. Donc, effectivement, c’est 10 fois moins. Mais ce n’est pas ça le problème. En rĂ©alitĂ©, ok, les gros sous, c’est bien, les AmĂ©ricains feront toujours mieux. Mais lĂ , c’est la dĂ©marche qui est intĂ©ressante. Il s’agit vraiment d’essayer de crĂ©er, en fait, une famille de ce qu’on appelle des grands modèles de langage de fondation qui seront utilisĂ©s. Et ce sera vraiment europĂ©en. DĂ©jĂ , ce sera fait pour tourner sur des supercalculateurs europĂ©ens et avec les valeurs de l’Union europĂ©enne et avec les datas de l’Union europĂ©enne. Donc, c’est lĂ oĂą ça devient intĂ©ressant, si tu veux. Tout ça, Ă©videmment, basĂ© sur l’open source. Et ça aussi, je trouve que c’est une dĂ©marche qui est intĂ©ressante. C’est que l’open source, on a l’impression que ça devient… C’est l’arme du pauvre. En tout cas, c’est l’arme du challenger, quoi, l’open source.
Guest:
[18:55] Oui, mais ce que je trouve intĂ©ressant, c’est que lĂ , vous ĂŞtes vraiment en train de mettre en place une solution. Ça fait longtemps qu’en Europe, on parle de souverainetĂ© numĂ©rique, mais lĂ , vous ĂŞtes Ă deux pieds dedans.
Monde Numérique :
[19:06] Oui, exactement. C’est la dĂ©marche. Alors bon, je ne sais pas trop ce que ça donnera pour l’instant, mais ça rĂ©unit beaucoup d’universitĂ©s, d’entreprises. Il y a aussi l’Union europĂ©enne qui est dedans, etc. Donc, au moins, c’est en route. Maintenant tu sais chat est chaud des crâles au froid et on a dĂ©jĂ eu des projets europĂ©ens, on voulait faire un Google europĂ©en je pense pas Ă Lucie non Lucie c’Ă©tait le petit modèle d’IA dont on a parlĂ© la semaine dernière mais on va pas revenir sur cet sur cet incident, non non mais on a eu des vellĂ©itĂ©s de faire un Google europĂ©en de faire un GPS europĂ©en il existe en revanche c’est plutĂ´t une rĂ©ussite c’est GalilĂ©o tout Ă fait, Donc, voilĂ , on baigne dans l’IA en ce moment et on attend de voir ce qui va en sortir.
Guest:
[19:54] Mais je veux quand mĂŞme t’entendre sur un autre aspect de l’IA en Europe, puis en France particulièrement, c’est que quand je te parlais d’une grande campagne de relations publiques, c’est vrai pour la France vers le monde, mais c’est aussi vrai pour le gouvernement vers sa population. Parce que les derniers chiffres qui sont sortis par rapport Ă la confiance des Français par rapport Ă l’IA, on n’est pas encore rendu Ă quelque chose de vraiment impressionnant.
Monde Numérique :
[20:21] Tu as tout Ă fait raison. Et d’ailleurs, moi, j’ai fait un Ă©dito sur le monde numĂ©rique Ă ce sujet-lĂ parce que je pense que le vrai point clĂ© dans cette histoire-lĂ , c’est la confiance. Il y a un sondage, c’est peut-ĂŞtre à ça que tu fais allusion, qui date d’il y a quelques mois et qui montre que 79% des Français n’ont pas confiance dans l’IA, ou mĂŞme peur de l’intelligence artificielle. Et ça peut s’expliquer parce qu’il y a des risques rĂ©els. toi et moi, on en parle très souvent, mais il y a aussi tout un discours mĂ©diatique qui n’est pas optimiste, qui n’est pas joisse, sous prĂ©texte de vouloir Ă©veiller les consciences, alerter sur les risques potentiels. Quand tu Ă©coutes les mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes, tu as l’impression que l’IA, c’est la fin du monde. Et ça, c’est dramatique. C’est très rabat-joie. On parle plus des problèmes, des biais et autres que des perspectives, alors que les perspectives, qu’elles soient Ă©conomiques ou mĂŞme en termes d’Ă©mancipation de l’ĂŞtre humain enfin toi comme moi on est convaincu que ça va apporter beaucoup de choses donc voilĂ je pense qu’il y a vraiment l’Ă©quation elle est lĂ c’est arriver Ă , faire ouvrir les yeux et ĂŞtre très lucide sur les problèmes c’est vrai le problème environnemental, etc. Et en mĂŞme temps, ne pas casser le jouet et ne pas casser le moral Ă tout le monde. Et moi, je pense que…
Guest:
[21:41] Pas l’accompensation, oui.
Monde Numérique :
[21:42] VoilĂ . Et ce que je dis dans mon Ă©dito de vendredi dernier, c’est qu’en fait, ce sommet, il aurait dĂ» s’appeler le sommet pour la confiance dans l’IA. Ça aurait donnĂ©, tu vois, un petit coup de boost, quoi.
Guest:
[21:52] Oui, oui, oui.
Monde Numérique :
[21:53] Mais on ne m’a pas demandĂ© mon avis, donc…
Guest:
[21:56] C’est une question de temps. Je suis sĂ»r que la prochaine Ă©dition, ça sera ça. Mais Ă©coute, je veux juste te dire que les Français sont quand mĂŞme moins craintifs ou prĂ©occupĂ©s par l’IA que les QuĂ©bĂ©cois, parce qu’il y a un sondage qui est sorti cette semaine, qui vient de l’UniversitĂ© Laval, et qui dit que neuf internautes sur dix qui connaissent les outils d’IA sont prĂ©occupĂ©s. Évidemment, Ă diffĂ©rents niveaux, mais concernant diffĂ©rentes choses, mais c’est, oui, c’est dans l’air du temps, parce que, exactement pour les mĂŞmes raisons que tu dis, disons que l’image de l’IA en prend pour son normal. Puis quand tu parles avec des gens qui l’utilisent, comme nous, mais aussi dans des entreprises, tu vois que les gens, ils trouvent leur intĂ©rĂŞt puis ils font des gains avec ça. Mais bon, Ă ce qu’on ne connaĂ®t pas ou Ă ce qu’on utilise plus ou moins bien, on peut ĂŞtre craintif.
Monde Numérique :
[22:46] PrĂ©occupĂ©, c’est sain, effectivement, d’ĂŞtre prĂ©occupĂ©. Toi et moi, on est prĂ©occupĂ© aussi par ces choses-lĂ , mĂŞme si on est très doux.
Guest:
[22:52] À toi, tu passes tes journées à être préoccupé.
Monde Numérique :
[22:53] Moi, je suis très prĂ©occupĂ©. Le matin, je me lève, je suis prĂ©occupĂ©. Mais bon, qu’est-ce que tu fais? On vit avec, hein?
Guest:
[23:02] Ben oui. Ça, c’est plus ta conjointe que nous. On est tranquille.
Monde Numérique :
[23:07] Enfin, voilĂ . Bruno, de quoi parles-tu cette semaine dans ton carnet?
Guest:
[23:11] Écoute, je suis tellement content que tu me poses la question. On va rester en France. Je ne sais pas si tu as vu passer cette semaine. Il y avait une enquĂŞte dans le Figaro sur le slop. Ces publications qui sont gĂ©nĂ©rĂ©es par l’intelligence artificielle et qu’on trouve de plus en plus dans les rĂ©seaux sociaux. Alors, c’est ChloĂ© Ouattier, qui est rĂ©dactrice en chef de la section Économie, qui a fait cette enquĂŞte-lĂ . Et c’est vraiment intĂ©ressant ce qu’elle nous raconte. Elle a parlĂ© avec des gens qui sont derrière ça, puis des gens du milieu. Et donc, on parle de ça. Il y a une grosse rencontre qui se tient Ă la fin du mois de fĂ©vrier. Et ça, c’est intĂ©ressant. Ça se tient Ă MontrĂ©al, au Palais des congrès. Et c’est une rencontre des gens du monde de la crĂ©ation.
Guest:
[23:56] Donc, pense autant dans l’industrie du jeu vidĂ©o, tĂ©lĂ©, les arts, la chanson, le cinĂ©ma. Bon, tous les crĂ©atifs. Et donc, c’est une rencontre pour Ă la fois parler de ce que des gens ont rĂ©ussi Ă faire, mais aussi des dĂ©fis qu’il reste Ă faire. Et c’est, oui, des gens du Canada, mais aussi beaucoup de gens de l’extĂ©rieur qui viennent faire un tour. Et c’est intĂ©ressant parce que l’entrevue que je fais avec le patron de cette expo-lĂ me faisait prendre conscience qu’il y a beaucoup de rencontres Ă l’heure actuelle. Il y en a une en France prĂ©sentement qui parle de l’IA pour la sociĂ©tĂ©, qui parle de l’IA dans le domaine des affaires, dans le domaine de l’Ă©conomie en gĂ©nĂ©ral. Mais l’IA dans le monde crĂ©atif, il y a très beaucoup de rencontres sur le sujet et je trouve ça intĂ©ressant. Alors, entrevue lĂ -dessus.
Guest:
[24:46] Très intĂ©ressant. Oui, et puis aussi, j’avoue que je me suis permis une petite percĂ©e dans ce domaine-lĂ . Il y a un monsieur que je connais, qui fait partie de ça, un pionnier de l’Internet ici au Canada, et il a dĂ©veloppĂ© une application qui est presque un thĂ©rapeute personnel, et qu’il a dit, il n’y a pas de mĂ©decin, il n’y a pas de spĂ©cialiste qui a travaillĂ© à ça, mais lui, il a dĂ©veloppĂ© un agent conversationnel, si tu veux, qui lui permet d’avoir sa propre thĂ©rapie Ă lui. Et qui lui pose des questions, qui lui permet de ventiler. Un peu, bon, toi, tu es prĂ©occupĂ© Ă tous les jours, ça te fait peut-ĂŞtre du bien. Mais donc, cet outil-lĂ lui permet… Ce n’est pas vrai. Non, non, je sais, c’est des blagues.
Guest:
[25:28] Mais donc, cet outil-lĂ lui permet d’avoir son propre thĂ©rapeute. Et quand il en a besoin, il le contacte sur son tĂ©lĂ©phone ou son ordinateur et puis il a sa propre session de thĂ©rapie avec.
Monde Numérique :
[25:40] Un support psychologique, en fait.
Guest:
[25:42] Exactement, mais vraiment dans la relation d’ĂŞtre. Et puis encore lĂ , je le rĂ©pète, ce n’est pas un truc mĂ©dical pas fait avec des scientifiques, sauf que pour lui, ça fonctionne. Et il se dit, je veux en parler parce qu’il y a peut-ĂŞtre des gens pour qui ça pourrait fonctionner aussi. Et c’est surtout, et moi, c’est pour ça que je veux en parler, c’est surtout l’idĂ©e que, tu sais, on vient d’en parler, des bĂ©nĂ©fices de l’IA, bien c’est un autre bĂ©nĂ©fice. D’avoir cette possibilitĂ© d’arriver Ă dĂ©velopper un outil qui peut nous faire du bien Ă nous, pas aux voisins, mais Ă nous. Bien c’est aussi ça l’IA.
Monde Numérique :
[26:12] Exactement. Et c’est vrai que ça devient d’ailleurs un vrai phĂ©nomène, ces assistants avec lesquels on parle. Enfin, c’est plus que des assistants, c’est des confidents, des amis, etc.
Guest:
[26:22] Un correspondant, oui, c’est ça.
Monde Numérique :
[26:23] Un correspondant, etc. Alors lĂ , c’est pareil, avec plein d’aspects bĂ©nĂ©fiques, comme ce que tu viens de dĂ©crire. Et puis, des choses parfois plus inquiĂ©tantes. Aux États-Unis, il y a un chercheur, quelqu’un qui faisait des recherches sur ces outils-lĂ . Et une fois de plus qui Ă©tait face Ă une IA qui lui a conseillĂ© de se suicider, et qui en plus lui a envoyĂ© des rappels pour lui dire ça y est tu as fait ce que tu as dit non, heureusement lui il avait fait ça Ă titre de recherche mais voilĂ c’est vrai que c’est assez inquiĂ©tant et ça devient dans Ă certains endroits, un vrai phĂ©nomène des gens qui ont toujours leur petit assistant qui discute en permanence avec ces personnes, avec ce chatbot virtuel. Et alors, Ă©videmment, le chatbot, il est toujours, de mon avis. Et puis, il est flatteur. C’est un cĂ´tĂ© un peu narcissique. Et au risque de se dĂ©shabituer des vraies conversations avec les vrais gens, en fait. Ou parfois, ce n’est pas aussi simple. Il peut y avoir des frictions, etc. Enfin bref, tout ça, ce n’est pas notre cas. Ça ne nous concerne pas.
Guest:
[27:30] Non, Jérôme, tu parles de quoi cette semaine?
Monde Numérique :
[27:32] Alors, cette semaine, Ă©coute, moi, j’emmène mes auditeurs très, très loin, en Chine.
Guest:
[27:37] T’as vraiment du budget, toi.
Monde Numérique :
[27:39] Ah oui, la maison ne recule devant aucun sacrifice. Parce que je ne t’apprendrai pas qu’il se passe des choses en Chine. On l’Ă©voquait la semaine dernière et notamment d’Ypsic. Donc, Ă©coute, j’ai la chance d’ĂŞtre entrĂ© en contact avec une journaliste chinoise, et qui, en plus, est passĂ©e par la France pendant un an ou deux et elle parle parfaitement bien français. Et donc, elle me raconte DeepSync, comment le phĂ©nomène DeepSync est vĂ©cu en Chine, qu’est-ce que c’est que cette entreprise, comment se porte la tech chinoise, etc. Et c’est Ă©videmment très, très intĂ©ressant, mĂŞme si quand on l’Ă©coute, Ă©videmment, on se dit qu’on fait le mĂŞme mĂ©tier, mais pas tout Ă fait de la mĂŞme manière et dans le mĂŞme contexte Ă©videmment et lĂ , inĂ©vitablement voilĂ je serais curieux de savoir comment mes auditeurs vont percevoir ça parce que, elle est je pense elle-mĂŞme parfaitement honnĂŞte et plein de bonne volontĂ© mais si tu veux on sent bien qu’il n’y a pas, de la part de journalistes chinois le recul qu’il peut y avoir par rapport Ă la situation dans le pays comme nous on peut se permettre, de critiquer aisĂ©ment les autoritĂ©s les pouvoirs publics, etc. chez nous.
Guest:
[28:54] Oui, j’allais dire, mais quand mĂŞme, tout de mĂŞme, d’avoir le point de vue de quelqu’un qui est sur place, c’est un regard que nous, on n’a pas, et c’est prĂ©cieux.
Monde Numérique :
[29:04] VoilĂ , c’est exactement ça, et c’est ce que je me suis dit, et c’est tout Ă fait prĂ©cieux et tout Ă fait intĂ©ressant. Et en plus, elle nous donne plein d’informations sur ce sujet-lĂ . Je te propose qu’on se retrouve la semaine prochaine, et on aura peut-ĂŞtre un peu plus de choses Ă se raconter sur le sommet de l’IA. Qui sait, est-ce qu’il y aura de vĂ©ritables annonces et de choses importantes ?
Guest:
[29:22] Alors, moi, je suis certain qu’on va avoir des choses Ă discuter avec ce sommet-lĂ .
Monde Numérique :
[29:26] Espérons-le. Salut Bruno. À la prochaine.
Guest:
[29:29] Bye Jérôme.
Guest:
[29:39] Monde numérique, le meilleur de la tech.
Monde Numérique :
[29:48] Pour cette deuxième partie de Monde numĂ©rique, les invitĂ©s, je vous emmène donc, comme promis, en Chine. Et ensuite, on s’intĂ©ressera Ă l’IA dans les entreprises Ă l’occasion et Ă l’approche du sommet de l’IA de Paris. Bonjour, Shanhui Zhang.
Guest:
[30:07] Bonjour, Jérôme.
Monde Numérique :
[30:08] Merci d’ĂŞtre avec nous en ligne depuis la Chine. Vous ĂŞtes journaliste Ă China Global Television Network. Vous avez passĂ© quelques annĂ©es en France et vous parlez du coup parfaitement bien le français. Vous suivez beaucoup de sujets et, entre autres, la tech, les sujets technologiques. Alors, c’est super intĂ©ressant de vous avoir parce qu’on ne parle que de la Chine, on ne parle que notamment de DeepSeek en ce moment, en Europe, aux Etats-Unis aussi. C’est vrai que la sortie de l’IA DeepSeek a fait vraiment beaucoup de bruit dans le monde entier. Vous pouvez nous parler un petit peu de cette entreprise DeepSeek et de son crĂ©ateur ? C’est qui exactement ? Est-ce qu’ils Ă©taient connus avant ? Et c’est quel profil ?
Guest:
[30:50] Alors, on va peut-ĂŞtre commencer d’abord par ce crĂ©ateur du deep-sync qui s’appelle Lian Wenfeng. Il est très jeune. Et Lian Wenfeng, en effet, il a Ă©tudiĂ© Ă l’universitĂ© de Zhejiang.
Guest:
[31:04] Donc Ă Hangzhou, et dès ses annĂ©es d’Ă©tudes, il Ă©tait dĂ©jĂ convaincu que l’intelligence artificielle reprĂ©senterait le futur. Et lĂ , il a consacrĂ© sa thèse de fin d’Ă©tudes Ă l’optimisation de l’algorithme pour des camĂ©ras Ă faible coĂ»t.
Guest:
[31:19] Et ensuite, en 2008, quand il Ă©tait encore Ă©tudiant, il commençait Ă dĂ©jĂ collecter des donnĂ©es sur les marchĂ©s financiers et utilise des techniques d’apprentissage automatique pour l’investissement algorithmique. Et ensuite, en 2015, il a d’abord fondĂ© une entreprise qui s’appelle Huanfang Kuant. Alors, Ă quoi ça sert cette entreprise ? C’est une entreprise de gestion quantitative dans laquelle il applique dĂ©jĂ l’intelligence artificielle et le machine learning dans les stratĂ©gies d’investissement. Donc au dĂ©but, c’est surtout une entreprise en lien avec l’investissement dans la bourse, dans le marchĂ© financier. Et c’est finalement 2023 que M. Leung-Wen-Fong a annoncĂ© sa volontĂ© de s’attaquer au domaine de l’intelligence artificielle gĂ©nĂ©rale. Et c’Ă©tait en 2023 qu’il a créé DeepSik. Donc en effet, c’est une entreprise très très jeune. Et d’ailleurs, c’est aussi ce qui a surpris, je pense, que toute la sphère amĂ©ricaine, c’est de voir une Ă©quipe si jeune. Contrairement Ă d’autres entreprises de l’intelligence artificielle chinoise, DeepSync prĂ©fère miser sur les jeunes talents. Ce sont les jeunes talents qui n’ont pas de grande expĂ©rience professionnelle. La plupart des ingĂ©nieurs et des chercheurs, en effet, ils n’ont qu’entre un an et cinq ans d’expĂ©rience. Et d’ailleurs, certains sont fraĂ®chement sortis de l’Ă©cole, ce sont des doctorants.
Guest:
[32:39] Et aussi, par exemple, un chasseur de tĂŞtes raconte que DeepSync ne veut quasiment pas de profil ayant plus de 8 ans d’expĂ©rience. Donc, en fait, l’idĂ©e, c’est de construire une structure d’entreprise Ă plat, C’est-Ă -dire, malgrĂ© une croissance rapide, DeepSync maintient une organisation très horizontale et que les choses changent très vite. Cette approche, en effet, diffère d’autres entreprises de l’intelligence artificielle qui optent souvent pour les managements plus traditionnels et verticaux. Mais cette fois-ci, c’est vraiment valoriser ses compĂ©tences, valoriser l’initiative individuelle et aussi de crĂ©er une ambiance d’encouragement, d’optimisation dans l’innovation. Et d’ailleurs ce qui me touche beaucoup personnellement c’est aussi leur motivation, qu’est-ce qui les motive, dans l’organisation c’est davantage la curiositĂ© l’envie d’essayer, c’est davantage c’est davantage de ce cĂ´tĂ© explorateur qui m’a marquĂ©, de se lancer dans cette aventure, c’est ça peut-ĂŞtre aussi qui est un point fort une qualitĂ© chez les jeunes aujourd’hui on a bien vu, ça a attirĂ© non seulement les Chinois, mais aussi en Inde et aux Etats-Unis. Donc, c’est quelque chose qui est motivĂ© par les jeunes. C’est ça que j’ai trouvĂ© très prĂ©cieux, ce cĂ´tĂ© sur DeepSync.
Monde Numérique :
[34:00] Dites-moi, Chandraoui, il y a un aspect qu’on ne peut pas passer sous silence. DeepSync, ça a Ă©tĂ© un peu une claque pour les AmĂ©ricains tout d’un coup. Ça a Ă©tĂ© presque une petite bouffĂ©e d’oxygène Ă l’inverse pour les EuropĂ©ens qui se sont dit, tiens, peut-ĂŞtre qu’on On peut faire de l’intelligence artificielle pas trop chère, avec moins de moyens, etc. Mais en mĂŞme temps, il y a dĂ©jĂ un dĂ©but de polĂ©mique. Très vite, il y a une espèce de polĂ©mique qui est arrivĂ©e. On a dit qu’en fait, DeepSync, l’entraĂ®nement aurait coĂ»tĂ© beaucoup plus que ce qui Ă©tait annoncĂ©, 6 millions de dollars. Mais en fait, il paraĂ®t que ça aurait coĂ»tĂ© jusqu’Ă un milliard et demi. Bon, ça, c’est difficile de savoir. Et puis, OpenAI dit que DeepSync l’a copiĂ©. Mais en mĂŞme temps, OpenAI a sorti tout de suite après un nouveau modèle qui, visiblement, a recopiĂ© DeepSync. Donc, voilĂ , il y a une espèce de guĂ©guerre, c’est presque gĂ©opolitique. Est-ce que tout ça, est-ce qu’il en est question Ă©galement en Chine ?
Guest:
[34:57] En Chine, effectivement, on a parlĂ© de ce sujet, les mĂ©dias ont Ă©voquĂ© de ce sujet. Après, ce qui est intĂ©ressant, c’est que, par exemple, lĂ , en ce moment, vous regardez le rĂ©sultat. Aujourd’hui, OpenAI, c’est toujours avec ce Open AI. MalgrĂ© de son nom open, en fait, c’est fermĂ© au niveau de source. Parce que lĂ , du cĂ´tĂ© de DeepSync, c’est open source. Donc, ça veut dire qu’en fait…
Monde Numérique :
[35:21] OpenAI, il était aussi au début. Au début, ils étaient ouverts. Après, ils se sont fermés.
Guest:
[35:25] Donc, vous voyez, en fait, c’est deux stratĂ©gies diffĂ©rentes entre OpenAI et DeepSync. Et d’ailleurs, cette fois-ci, ce qui est intĂ©ressant, j’ai quand mĂŞme regardĂ© de près sur quels sont en effet les moteurs, quelles sont les technologies qui ont contribuĂ© Ă cette amĂ©lioration pour baisser le coĂ»t de dĂ©veloppement. D’abord, CIDIPSYC V3 est parvenu Ă boucler son entraĂ®nement avec moins de 2,8 millions d’heures de GPU et environ 6 millions. Donc, en fait, c’est un petit peu moins de 6 millions. C’est Ă peu près 5,7 millions de dollars de budget. c’est grâce Ă l’importance accordĂ©e Ă l’efficacitĂ© du calcul. Donc en fait, c’est une manière de raccourcir la durĂ©e totale d’entraĂ®nement et aussi diminuer le coĂ»t en ressources. Et puis de l’autre cĂ´tĂ©, l’infrastructure matĂ©rielle qui Ă©tait dĂ©jĂ lĂ depuis 2012, en effet.
Guest:
[36:25] Quand vous avez une très belle infrastructure qui est dĂ©jĂ prĂ©parĂ©e, qui est dĂ©jĂ prĂŞte en effet Ă pouvoir ĂŞtre utilisĂ©e. Par exemple, en 2012, Juanfong Quint accumulait dĂ©jĂ progressivement les GPU. Donc, ça veut dire qu’en fait, ils ont beaucoup d’avance par rapport Ă d’autres entreprises, que ce soit pour les entreprises amĂ©ricaines ou les entreprises europĂ©ennes, parce que c’Ă©tait depuis 2012, depuis il y a plus de 10 ans, ils se sont dĂ©jĂ rendus compte de l’importance des GPU. Et donc, d’abord, une seule carte, puis une centaine en 2015, et puis un millier en 2019, et enfin, 10 000 cartes. Donc en effet ils ont un très beau stock de GPU dĂ©jĂ Ă partir de 2012 et donc au lieu de recourir.
Guest:
[37:12] Exclusivement Ă l’infrastructure de cloud publique ou Ă l’hĂ©pergement dans les centres externes et bien l’entreprise a progressivement construit ses propres centres de donnĂ©es et a investi sur le long terme dans la sĂ©rie de plateformes de deep learning, en Chine ça s’appelle donc Ă©tant donnĂ© que tout le matĂ©riel Ă©tait en interne et il n’Ă©tait pas nĂ©cessaire de payer les frais de location Ă©levĂ©s Ă un fournisseur de cloud public. Donc, en fait, cela a permis de rĂ©duire le coĂ»t. Il y a aussi le cĂ´tĂ© de l’accumulation des compĂ©tences et d’expĂ©rience, puisque, encore une fois, ils ont utilisĂ© l’expĂ©rience qu’ils ont dĂ©jĂ accumulĂ©e avant avec Juan Fang Quant, qui dispose de nombreuses annĂ©es d’expĂ©rience dans le domaine de l’investissement quantitatif et aussi de la machine learning, ce qui leur a permis de maĂ®triser efficacement la mise en place et aussi l’exploitation des plateformes de calcul. VoilĂ , donc je pense que ce sont quelques facteurs qui ont contribuĂ©, qui expliquent pourquoi finalement, Ça ne coĂ»te pas tant cher que ça, que ce qu’on a imaginĂ©, parce que je dirais que c’est peut-ĂŞtre la seule entreprise en ce moment en Chine qui a une vision très très longue et qui a su s’y prendre très tĂ´t.
Monde Numérique :
[38:21] Et alors justement, Ă propos de ces cartes graphiques qui sont le nerf de la guerre, parce que c’est ce qui permet d’entraĂ®ner les modèles, c’est toute la puissance informatique. On sait qu’il y a l’embargo amĂ©ricain qui limite l’exportation de cartes et malgrĂ© tout, DeepSync n’a pas pu accĂ©der aux cartes de toute dernière gĂ©nĂ©ration. Est-ce qu’aujourd’hui, est-ce que vous savez s’ils craignent, par exemple, de nouvelles restrictions de la part des AmĂ©ricains ?
Guest:
[38:46] Effectivement, lĂ , Ă l’heure oĂą on parle de ce sujet, des nouvelles politiques sont tombĂ©es de la part des États-Unis. Il y a encore davantage de restrictions, Ă©videmment. Et lĂ , encore une fois, face aux politiciens amĂ©ricains qui continuent d’exploiter les questions de cybersĂ©curitĂ© pour diffamer ou calomnier la Chine, et aussi, en effet, sur l’interdiction sur certaines puces, eh bien, la porte-parole du ministère des Affaires Ă©trangères, je me rappelle, c’Ă©tait l’annĂ©e dernière, Mme Hua Chunying, elle a soulignĂ© « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Je pense que c’Ă©tait un peu ça, un peu la logique de dĂ©veloppement en Chine. C’est que la Chine, elle essaye toujours de se dĂ©velopper, toujours de construire ses propres technologies dans les temps les plus difficiles. Et lĂ , le rĂ©sultat, c’est qu’elle a rĂ©ussi Ă avoir ce premier modèle, Ă avoir ce premier essai rĂ©ussi. Et peut-ĂŞtre que bientĂ´t, il y aura un deuxième, un troisième, une troisième entreprise ou quatrième entreprise qui va ensuite.
Guest:
[39:51] De cette manière, bouleverser ou donner un nouveau souffle au monde technologique. La Chine, qui a toujours dĂ©fendu la coopĂ©ration internationale en matière de technologie, surveille en effet de près la possibilitĂ© de nouvelles mesures de rĂ©duction de la part des États-Unis, par exemple s’il y aura des restrictions supplĂ©mentaires sur l’importation des cartes Nvidia. D’abord, il est vrai que certaines politiques amĂ©ricaines qui invoquent la sĂ©curitĂ© nationale pour limiter l’accès Ă DeepSync pourraient aujourd’hui encore, dans un proche avenir, durcir l’exportation de certaines technologies stratĂ©giques. Mais en effet, la situation est plus complexe qu’il y paraĂ®t. Et aujourd’hui, malgrĂ© les menaces politiques, les grands noms amĂ©ricains comme NVIDIA, le AMD, continuent d’optimiser leurs plateformes pour prendre en charge DeepSync. Donc lĂ , de ce point de vue-lĂ , vous voyez bien qu’il y a une fusion d’une certaine manière de technologie.
Guest:
[40:51] C’est aussi une preuve d’un intĂ©rĂŞt Ă©conomique mutuel. Par exemple, Meta, cette entreprise, va mĂŞme aller jusqu’Ă saluer l’essor de DeepSync. C’est ce qu’a fait son judiciaire, Mark Zuckerberg, qu’il considĂ©rait comme un accĂ©lĂ©rateur de la course mondiale Ă l’intelligence artificielle. Et quant au succès de DeepSeek, il incarne aussi la montĂ©e en puissance des modèles open source capables de rivaliser avec des solutions fermĂ©es, tout en rĂ©duisant drastiquement les coĂ»ts. C’est peut-ĂŞtre aussi l’un des avantages que voit le monde en ce moment chez DeepSeek. Et enfin, il faut Ă©galement souligner que la Chine dispose de plusieurs leviers pour attĂ©nuer l’impact d’Ă©ventuelles restrictions. Par exemple, la Chine pourrait diversifier ses approvisionnements.
Guest:
[41:38] La Chine pourrait renforcer ses filielles locales et aussi, en effet, pour construire de nouvelles entreprises dans ce domaine. Et ensuite, elle pourrait Ă©galement, par exemple, inventer ou proposer une nouvelle solution politique Ă ce sujet, ou encore aussi de renforcer sa capacitĂ© dans la recherche sur les puces de l’intelligence artificielle. Donc aujourd’hui, on peut dire que malgrĂ© la crainte de voir l’accès aux technologies amĂ©ricaines se resserrer, la rĂ©alitĂ© Ă©conomique incite les grands acteurs du
Guest:
[42:14] secteur aujourd’hui Ă garder le contact avec l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, il faut voir que les grands dirigeants de haut niveau, ils ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă prĂŞter davantage attention au dĂ©veloppement de l’intelligence artificielle en Chine.
Monde Numérique :
[42:29] Merci beaucoup, Sean Ruizong, journaliste Ă China Global Television Network. Bonjour Stijn Broecke.
Guest:
[42:43] Bonjour, bonjour.
Monde Numérique :
[42:44] Vous ĂŞtes Ă©conomiste Ă l’OCDE, donc l’Organisation de CoopĂ©ration et de DĂ©veloppement Économique, qui publie Ă la veille du sommet sur l’IA de Paris une Ă©tude sur l’utilisation de l’intelligence artificielle en entreprise. C’est une Ă©tude qui a Ă©tĂ© effectuĂ©e auprès de plus de 6000 cadres dans six pays, dont la France. Et le rĂ©sultat est assez intĂ©ressant parce que ça rĂ©vèle pas mal de choses. Donc, d’abord, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu oĂą en est l’adoption de ces outils ? Alors, c’est l’IA, mais c’est les outils d’automatisation d’une manière un peu gĂ©nĂ©rale, ou que ça en est dans les entreprises ?
Guest:
[43:19] Oui, alors, il faut spĂ©cifier qu’on parle d’une forme d’IA assez spĂ©cifique, qui est l’IA pour la gestion algorithmique. Donc, c’est l’IA qui va remplacer des tâches managĂ©riales. Donc, il va prendre des tâches de cadre, des tâches, par exemple, pour donner des instructions aux travailleurs, pour surveiller les travailleurs, pour les Ă©valuer. Et donc, ce sont ce genre d’outils qu’on va regarder dans cette Ă©tude. Alors, vous posez la question sur l’adoption, c’est vraiment une des premières Ă©tudes qui nous donne une bonne vision sur l’adoption de ce genre d’outils au sein des entreprises. Et au fait, l’Ă©tude nous a surpris parce qu’on a trouvĂ© que ce genre d’outils, ce genre de pratiques sont dĂ©jĂ la norme, en fait, très, très commun aux États-Unis. Surtout, on voit un taux d’adoption de 90 %, mais on trouve un taux d’adoption un peu plus bas au Japon oĂą on a un taux d’adoption aux alentours de 40 %.
Monde Numérique :
[44:17] Et alors, comment sont perçus ces outils et quel est le bilan finalement qu’en tirent aussi bien les travailleurs que les cadres que vous avez interrogĂ©s ?
Guest:
[44:27] En gĂ©nĂ©ral, les cadres sont assez positifs sur ce genre d’outils, ce genre d’intelligence artificielle, surtout dans l’effet que ces outils ont sur la qualitĂ© des dĂ©cisions managĂ©riales. Ça leur permet de prendre des dĂ©cisions plus rapides, plus informĂ©es, plus objectives. Donc, en gĂ©nĂ©ral, ils sont assez positifs sur l’impact sur leur travail, aussi sur leur qualitĂ© de travail. Donc, ils prennent plus de plaisir dans leur travail. Ils ont moins de stress. Ce sont des outils qui aussi vont automatiser certaines tâches rĂ©pĂ©titives. Donc, on a quand mĂŞme un retour assez positif des cadres sur l’utilisation de ces outils sur leur propre travail. Mais ils ont quand mĂŞme des inquiĂ©tudes aussi.
Monde Numérique :
[45:19] Quelles inquiétudes ?
Guest:
[45:20] Par exemple, une des inquiĂ©tudes qu’on entend souvent avec ce genre d’outils, c’est qu’ils prennent des dĂ©cisions automatisĂ©es. Et avec l’IA en gĂ©nĂ©ral, on sait qu’il y a des inquiĂ©tudes autour des billets, de la discrimination, etc. Et c’est vrai que les cadres qu’on a interrogĂ©s dans cette Ă©tude nous disent exactement que… En certains cas, aux États-Unis par exemple, ils nous donnent l’impression qu’ils pensent que la gestion algorithmique pourrait avoir un effet positif sur la discrimination sur les billets, de les rĂ©duire en fait. Mais ce n’est pas ce qu’on entend en Europe ou au Japon, oĂą ils nous disent que ça n’a aucun effet, ou dans certains cas mĂŞme que ça pourrait les aggraver. Alors, quand mĂŞme, il y a deux tiers des cadres qu’on a interrogĂ©s dans tous les pays, donc dans les six pays, qui ont une prĂ©occupation quant Ă la fiabilitĂ© de ces outils. Donc, une grande question qui soulève, c’est le manque de clartĂ© quant aux responsabilitĂ©s quand il y a une mauvaise dĂ©cision qui est prise. Donc, qui est responsable pour les consĂ©quences ? Donc, il y a 28% des cadres qui nous signalent ce problème-lĂ .
Guest:
[46:30] Deux autres questions qui soulèvent, c’est d’abord, parfois, ne pas comprendre la logique des dĂ©cisions ou des recommandations de ces outils. Et puis, finalement, il y a quand mĂŞme 27% des cas qui nous disent qu’ils s’inquiètent pour la protection de la santĂ© physique et mentale des travailleurs. Suite Ă l’utilisation de ces outils, ils disent qu’ils ne sont pas certains que les travailleurs sont assez protĂ©gĂ©s.
Monde Numérique :
[46:56] Pour qu’on comprenne bien, est-ce que, je ne sais pas, vous avez quelques exemples ? Quel type d’outils pour faire quoi ?
Guest:
[47:02] Oui, alors, je pense que l’exemple classique, c’est l’Ă©conomie des plateformes, donc les VTC, etc., oĂą les travailleurs obtiennent du travail, sont rĂ©munĂ©rĂ©s, etc..
Guest:
[47:16] Ă€ travers d’algorithmes qui dĂ©cident tout, donc tout est automatisĂ©. Et c’est comme ça qu’on a eu beaucoup de… On a entendu beaucoup d’histoires, d’effets nĂ©gatifs sur les travailleurs. Des travailleurs qui, par exemple, ne peuvent pas choisir quel travail ils acceptent, ils sont obligĂ©s, ils sont… C’est une sorte de… Comment ça se dit en France ? De gamification, donc c’est… Oui, on essaie d’en faire du… Un certain jeu, au fait. Donc, ils sont poussĂ©s Ă travailler plus. Ensuite, on a entendu des histoires aussi de travailleurs qui ne peuvent plus travailler sur une plateforme. Et justement, c’Ă©tait de nouveau une dĂ©cision automatisĂ©e. Mais ça, c’est le secteur classique oĂą on entendait ces histoires. Et donc, nous, dans notre Ă©tude, on voulait regarder dans un secteur, dans les secteurs plus traditionnels. C’est dans le secteur de la logistique, des entrepĂ´ts. Donc lĂ aussi, de plus en plus, on utilise ce genre de logiciel pour automatiser beaucoup de tâches managĂ©riales, donner des instructions aux travailleurs, voilĂ , vous allez faire ça et ça dans cet ordre-lĂ , dans ce temps-lĂ , et on va vous suivre, on va vous surveiller et on va vous noter aussi, noter votre performance. Et si vous n’atteignez pas certains critères de performance, vous serez licenciĂ©. Il y aura des sanctions. Des sanctions ou mĂŞme licenciĂ© dans certains cas.
Monde Numérique :
[48:45] Et alors, quels enseignements vous en tirez ?
Guest:
[48:47] Une chose qu’on a appris, c’est que l’utilisation de ces outils n’est pas une question de l’avenir du travail. C’est quelque chose qui est dĂ©jĂ lĂ . On utilise dĂ©jĂ ces outils. Et je pense que ces outils sont utilisĂ©s dans un contexte oĂą la rĂ©glementation n’est pas nĂ©cessairement tout Ă fait prĂŞte, que la protection des travailleurs n’est pas suffisante, je pense, dans de nombreux pays. Donc ça, c’est une chose qu’on a appris. On a appris, deuxièmement, que ces outils peuvent avoir, ou selon les cadres qu’on a interrogĂ©s, ces outils pourraient avoir un effet positif aussi dans la prise des dĂ©cisions, dans la qualitĂ© des dĂ©cisions. Donc, ça pourrait avoir un effet positif sur la productivitĂ© des entreprises, les licences, etc. Donc, il y a un aspect positif aussi. Mais en mĂŞme temps, ce qu’on a appris, c’est qu’il y a des craintes et ces craintes, il faut les adresser.
Guest:
[49:39] Une chose intĂ©ressante dont on n’a pas encore parlĂ©, c’est qu’on a posĂ© des questions aussi dans cette Ă©tude sur ce que font les entreprises pour justement amĂ©liorer la fiabilitĂ© de ces outils ou l’utilisation de ces outils. Et on a appris que les entreprises dĂ©jĂ entreprennent plusieurs choses. Donc, il y a presque deux tiers des entreprises qui nous disent qu’au moins qu’ils consultent les travailleurs lorsqu’ils utilisent ces outils, quand ils implĂ©mentent ce genre d’outils. Donc, il y a une sorte de conversation qui se passe entre eux. Et troisièmement, il y a d’autres entreprises qui nous disent qu’ils font des audits rĂ©guliers de ces outils pour voir s’ils sont fiables ou non.
Monde Numérique :
[50:20] Merci beaucoup Stijn Broecke, Ă©conomiste Ă l’OCDE.
Monde Numérique :
[50:33] C’est la fin de cet Ă©pisode de Monde NumĂ©rique, l’hebdo. On se retrouve samedi prochain pour un nouvel hebdo. C’est logique, c’est toutes les semaines. Mais avant cela, j’aurais le plaisir de vous retrouver jour après jour pour les interviews en version intĂ©grale, si vous ne les avez pas Ă©coutĂ©es, si vous n’ĂŞtes pas abonnĂ© Ă la version premium sur Apple Podcast. Et puis, on parlera aussi la semaine prochaine de ce fameux sommet de l’IA. On va voir ce qu’il en sortira. Merci d’Ă©couter Monde NumĂ©rique jour après jour, semaine après semaine et mois après mois. Vous ĂŞtes de plus en plus nombreux. Merci pour vos commentaires sur les rĂ©seaux sociaux. Faites connaĂ®tre ce podcast Ă vos amis. N’hĂ©sitez pas Ă leur envoyer pour les inciter Ă©galement Ă Ă©couter et Ă s’abonner. Abonnez-vous. Abonnez-vous Ă©galement si vous le souhaitez. Je vous le conseille Ă la newsletter de Monde NumĂ©rique. LĂ aussi, de plus en plus d’abonnĂ©s. Vous recevrez comme ça directement dans votre boĂ®te mail. Chaque jour, un article ou une interview ou une transcription de l’interview. Et puis le samedi, l’essentiel de l’actu, qui est un peu la version Ă©crite de l’hebdo. Si vous le souhaitez, mais il n’y a rien d’obligatoire, vous pouvez soutenir financièrement Mon NumĂ©rique. C’est Ă©videmment très apprĂ©ciĂ© en faisant un don. Il suffit pour cela de cliquer sur le lien en description de cet Ă©pisode.
Monde Numérique :
[51:46] Aucune contrepartie, si ce n’est celle d’avoir le plaisir de soutenir un podcast indĂ©pendant sur la tech. et pour qu’on ait le plaisir de se retrouver chaque semaine et mĂŞme plus souvent encore. Ce qui est obligatoire, en revanche, c’est de mettre 5 petites Ă©toiles Ă Monde NumĂ©rique sur Apple Podcast et puis sur les autres plateformes lorsque c’est possible Ă©galement. VoilĂ , je vous souhaite une bonne semaine pleine de tech. Salut !
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